Blackstar de Bowie: un testament sombre et surprenant.

Publié le 12 Janvier 2016

 

David Bowie, jusqu'au bout, aura été inventif et décidé à surprendre avec son dernier album, Blackstar, mêlant rock sombre et expérimentations jazz, paru vendredi, seulement deux jours avant sa mort.

«Je ne peux pas tout dévoiler» («I can't give everything away) chante celui qui a toujours entouré sa carrière d'un voile de mystère dans le dernier titre de ce dernier album paru le jour même de ses 69 ans. Un album pour lequel il n'a accordé aucune interview, illustré sur sa pochette d'une simple étoile noire sur fond blanc et accompagné d'un livret aux allures de faire-part, avec les textes écrits en noir brillant sur fond noir.

Son goût de la recherche et du contre-pied avait cette fois emmené Bowie du côté du jazz: ce disque ramassé (sept titres, 40 minutes environ), encensé par la plupart des critiques, est traversé de batteries épileptiques, de coulées et d'explosions de saxophones (le premier instrument de Bowie est omniprésent dans cet album) et d'une voix de velours diffusant tantôt la douceur tantôt une sourde inquiétude.

Bowie a pris plaisir à étirer et déstructurer ses morceaux, sans souci de s'en tenir aux trois ou quatre minutes du format pop-rock réglementaire. On y retrouve parfois certaines résonances avec des albums anciens, comme le singulier Low (1977) ou le cuivré Black Tie White Noise (1993) qui avait relancé l'artiste après des années 1980 difficiles pour lui.

Le titre Blackstar, morceau crépusculaire de dix minutes écrit par la star pour la série policière franco-britannique Panthers, donne le ton de l'ensemble du disque avec ses paroles sombres («Au jour de l'exécution/Seules les femmes s'agenouillent et sourient») et ses différentes ambiances, allant du free-jazz aux sonorités «orientalisantes» en passant par des allures de «messe noire».

Bowie, au soir de sa vie, n'a clairement pas visé le tube mais a gardé son goût pour la pop et le rock, sensible à travers certaines chansons plus accessibles.

Il flotte ainsi dans l'intro de Lazarus un parfum de rock «cold wave» des années 1980, quelques résonnances hip hop dans Girls Loves Me et une belle guitare mélodique dans le titre final, I Can't Give You Everything.

Avec Blackstar, l'idée n'était pas tant de faire un disque de jazz, mais «d'enregistrer un album de David Bowie avec des musiciens de jazz qui ne joueraient pas nécessairement du jazz», a récemment expliqué sur la radio américaine NPR Tony Visconti, producteur «historique» de la star.

«Il a eu dans son groupe un jazzman important pendant une ou deux décennies, Mike Garson, un pianiste de jazz très talentueux. Ainsi, il y a toujours eu une pointe de jazz dans certaines de ses productions antérieures. Et David connaît très bien les accords jazz», avait souligné son producteur.

Rédigé par Régis Baillargeon

Publié dans #musique

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